Manifeste
« Il est plus facile de désintégrer un atome qu’un préjugé. » – Albert Einstein
Alors qu’il semble omniprésent, le documentaire vit en réalité des heures difficiles en France. Certes il n’a jamais été aussi facile de filmer et de partager son travail. Certes, jamais le grand public n’a connu une telle possibilité de rencontrer le documentaire et il ne se déroule pas une conférence de presse des responsables de l’audiovisuel sans que ne soient vantés leurs mérites et leur apport en terme de diversité pour les grilles de programmes.
Pourtant, comme chacun pourra le ressentir, la plupart des lignes éditoriales des chaines de télévision, ainsi que leur accaparement des aides d’état obstruent l’expression de la diversité des opinions, et souvent de la réalité elle-même. Le documentaire survit en réalité à l’état de mort cérébrale, et il meurt sous les coups portés par ceux-là même qui prétendent lui donner vie.
Un manque cruel de diversité
Les chaines de télévision aiment ainsi à rappeler qu’elles diffusent chaque année des milliers d’heures de documentaires, sans s’interroger jamais ni sur leur qualité, ni sur l’originalité des sujets traités. Quand à la représentation des opinions divergentes, elle est souvent bien limitée. Dans cette obligation de ne s’intéresser qu’à des problèmes déjà rebattus, ne sont plus proposés que des films a priori acceptables selon des critères qui ont fini par coloniser nos imaginaires, rendant les réalisateurs à leur tour plus timorés encore.
La production documentaire française a pourtant connu un développement exceptionnel au tournant des années 1980/1990. Entre 1990 et 2001, l’investissement des chaines de télévision dans le documentaire passa d’environ 30 millions d’euros à 175, produisant près de quatre fois plus d’heures de documentaire que de fiction.
En 2005 l’arrivée de la TNT changea la donne. La concurrence bouscula les habitudes. Soudainement confrontées à l’émiettement de leur audience, les chaines historiques limitèrent alors significativement la marge de manœuvre des auteurs et des producteurs. Tant sur le fond que sur la forme. Imparable devenait la force des simplismes. Pour autant, tout devenait documentaire. L’uniformisation des contenus poursuivait son bonhomme de chemin, et dans cette course permanente aux points d’audimat, les réalisations bousculant l’ordre de la pensée établie disparurent peu peu à peu des écrans.
Ainsi, sous couvert de ne pas trop bousculer l’ordre de nos illusions, un certain nombre de faits, de sujets brûlants et de problématiques sont ainsi quotidiennement biaisés ou tout simplement tus, et cela, comme vous, nous ne le supportons plus.
Revenir aux faits
Partis d’une amertume par beaucoup partagée, nous avons décidé d’organiser une riposte en créant une association. Sans but lucratif, nous souhaitons remettre à leur place certaines contre-vérités trop longtemps tenues pour admises, renverser en route quelques idoles, déboulonner la peau dure des préjugés en cours; en somme informer sans craindre de repousser cette habitude que nous avons prise de nous soumettre à l’ère du temps.
Réaliser un documentaire, ce n’est rien d’autre que d’essayer de voir le monde à travers un regard singulier, en considérant que la fiction du monde est un matériau suffisant en soi, sans qu’il faille la rejouer avec un scénario écrit à l’avance. La grandeur du documentaire réside peut-être dans cette fragilité même : territoire où tout jugement moral se trouve suspendu, il offre de l’incertitude, interpelle et permet même parfois d’engager une réaction. Non pour nous convaincre ou nous abuser, mais pour nous faire voir davantage et surtout autrement.
Avec le concours d’intervenants spécialement choisis pour la liberté de leur ton et la cohérence de leur parcours, nous souhaitons apporter des lumières nouvelles sur quelques problèmes majeurs, malheureusement trop souvent traités avec les gros sabots du prêt à penser, réconcilier le fond et la forme, la puissance de l’expertise et de l’exigence pédagogique, proposer des films non ennuyeux, compréhensibles de tous sans rien sacrifier sur le plan de la complexité.
Un financement qui garantit l’indépendance
Avec cette envie de lézarder les chapes de plomb et d’approcher le réel au plus près, nous avons entrepris de créer une collection de documentaires destinés à être diffusés gratuitement au plus grand nombre. Conscients des difficultés concrètes d’application, dans cette grande métamorphose du paysage médiatique en cours, le principe du « crowdfunding » nous est apparu comme étant la meilleure façon de nous affranchir des codes du « système », la seule à même de garantir une indépendance avec laquelle nous ne saurions transiger.
Après avoir traité des éoliennes, si notre échafaudage se révèle pertinent et que les donateurs y trouvent leur compte, nous projetons de traiter d’autres sujets sensibles, avec une prédilection non dissimulée pour ceux qui fâchent !
Dans cette belle aventure que nous débutons, veuillez-le croire, chaque euro nous sera vital.